Anonymous : Quelle est l’origine du masque ?

Le masque noir et blanc, doté d’une fine moustache relevée et d’un bouc surplombant un sourire ironique et des joues roses, devenu le symbole des « Anonymous », puise ses origines dans l’Angleterre du XVIe siècle.

La Conspiration des Poudres

Ce masque fait directement référence à Guy Fawkes (1570-1606). L’homme est entré dans l’Histoire après avoir participé à la planification de la fameuse Conspiration des Poudres (1605) qui visait à assassiner le roi Jacques Ier d’Angleterre, sa famille et la plupart des membres de l’aristocratie d’un seul coup, lors de la session d’ouverture du Parlement le 5 novembre 1605, en faisant exploser le bâtiment de la chambre des lords au palais de Westminster.

Fervent catholique, Guy Fawkes s’était allié avec un groupe de conjurés qui entendait renverser le monarque protestant et mettre en place un régime catholique romain à la tête de l’Angleterre protestante.

Toutefois, la tentative d’attentat échoua lorsqu’une lettre dénonça les intentions des conjurés.

Bien qu’il n’ait pas lui-même été le chef de la Conspiration des Poudres, Guy Fawkes en est devenu le membre le plus connu et son visage a acquis une renommée durable.

V for Vendetta

Une icône de la bande dessinée

V pour Vendetta est une bande dessinée créée par les Britanniques Alan Moore (scénario) et David Lloyd (dessin) entre 1982 et 1990 pour le compte de l’éditeur américain DC Comics.

L’histoire est celle d’une Angleterre dystopique aux mains d’un régime totalitaire fasciste où un terroriste anarchiste, animé de vengeance personnelle, a décidé de se dresser contre l’oppression et d’insuffler la révolte. Dissimulé derrière un masque au sourire énigmatique, il répond au nom de V : V pour Vérité, V pour Vendetta !

Symbole de résistance individuelle face au totalitarisme, le personnage est lui-même inspiré de Guy Fawkes. C’est à David Lloyd que l’on doit l’idée de cet emprunt historique. C’est également lui qui créa le désormais célèbre masque de V.

Un héros de film

La bande dessinée a donné lieu en 2006 à un film éponyme de James McTeigue (avec Hugo Weaving, Natalie Portman, John Hurt, Stephen Rea et Stephen Fry). Le succès du film donne un retentissement mondial au récit déjà culte de Moore et Lloyd. Grâce au marketing du film, le masque que porte le héros devient un produit dérivé de film comme il en existe des milliers d’autres. On peut l’acheter sur de nombreuses boutiques d’e-commerce.

Le symbole des Anonymous

Aujourd’hui, ce masque est devenu l’emblème de la contestation et de la protestation. Signe de reconnaissance des Anonymous, notamment lors de manifestations, le masque de Guy Fawkes est devenu ces dernières années l’un des emblèmes de la défense des libertés, numériques ou non.

Au delà du mouvement des Anonymous, ce masque sert également de signe de ralliement aux anarchistes et activistes, un peu partout dans le monde, qui dénoncent les atteintes à la liberté d’expression et qui luttent contre les excès du pouvoir et pour les libertés fondamentales.

Un produit commercial

Cet emblème des mouvements contestataires cache un étonnant détail : WarnerMedia, l’une des grandes sociétés de médias dans le monde et maison-mère de Warner Bros. Pictures, producteur du film de 2006, en détient les droits à l’image et reçoit des royalties sur chaque vente de masque.

Ironiquement, une multinationale du divertissement touche donc une commission sur chaque vente des masques « officiels », utilisés notamment par des militants qui dénoncent la mainmise de grandes entreprises sur la création et la liberté d’expression… D’autant plus que certains des masques sont fabriqués au Brésil ou en Chine, dans des usines où les conditions de travail sont plus que difficiles.

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